mardi 7 avril 2015

Dead Pigeon on Beethoven StraBe (Samuel Fuller, 1973)



Fuller, américain en exil depuis The Naked Kiss mais surtout après l'échec de Shark, finira lentement sa carrière en Europe avec une suite de téléfilms dont Dead Pigeon on Beethoven StraBe est le premier réalisé. Cet « épisode » appartenant à la série allemande Tatort (toujours en cours de diffusion...) est basé sur une histoire d'extorsion à partir de photos non pas truquées mais mises en scène (on endort un homme politique pour le faire poser à côté d'une fausse prostituée). La première partie est impressionnante et renferme sûrement les « deux scènes géniales » mentionnées par Ciment (Surpris par la nuit – Samuel Fuller) : un homme est abattue rue Beethoven (l'on voit d'abord le cadavre d'un pigeon tomber du ciel!), le suspect est attrapé puis tente de s'échapper de l'hôpital où il est détenu, le tout donnant lieu à une course poursuite ultra violente et nerveuse, frôlant les ellipses Suzukiennes période Youth of the Beast; le tout étant rythmé par la musique psychédélique de The Can (?).

A partir de là, tout dégringole lentement : après une scène qui semble tourner le film vers le camp, le policier moustachu (Glenn Corbett, méconnaissable 15 ans après le chef d'œuvre Crimson Kimono ) quitte son collègue latino musclé et blessé, et s'en va piéger l'arnaqueuse jouée par Christa Lang (alors épouse de Fuller), l'objectif étant de collaborer avec elle pour remonter jusqu'à la tête de l'organisation. C'est à peu près tout ce que j'ai compris. De nombreux plans prouvent que Fuller, contraiment au cas Shark, est bel et bien là, et que l'ambiance étrange du récit est voulue, mais Christa Lang est en totale roue libre et l'enquête perd vite tout son intérêt. Premièrement, on ne comprend jamais où les personnages veulent en venir, deuxièmement, Mme Fuller, avec son presque séduisant cheveu sur la langue, alterne constamment entre le français, l'allemand ou l'anglais mais avant tout semble alterner les types de jeu! A la limite, le vrai problème serait que le film hésite entre son récit et ses instants de folie délibérés (Corbett hilare au cinéma devant Rio Bravo en allemand ou le remarques d'un gangster sur l'écologie). Le film, visiblement tourné avec un budget ridicule, ne tient pas ses promesses de sang des premières minutes; ni les suivantes (parodie, critique), et aurait mérité d'être largement raccourci. Peut-être alors un film de « remise en marche » pour Fuller qui par la suite (dix ans plus tard!) réalisera à nouveau deux grands films (White Dog et The Big Red One) avant de retourner aux téléfilms, pour la dernière fois.


PS: dans une version de 128min aujourd'hui introuvable, les acteurs vêtus de costumes clownesques (le film se termine sur un carnaval) annoncent aux spectateurs qu'ils s'apprêtent à voir une farce. La faute serait peut-être alors rejetable sur les responsables du montage 'final' de 90min.

3/5 : trouvable sur internet.

Vincent Poli

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